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Sur le territoire rhônalpin, les études révèlent un manque d’eau d’environ 40 millions de m3 pour satisfaire l’ensemble des usages sur les bassins versants et laisser un débit suffisant dans les rivières pour préserver la qualité de l’eau et la vie biologique. Et plus des deux-tiers des bassins versants sont en situation de déséquilibre en eau ou en équilibre fragile. Le changement climatique est à l’œuvre partout sur ce territoire. 7 nouveaux bassins versants, jusque-là préservés, montrent les signaux d’une aggravation des tensions sur l’eau et pourraient d’ici 2022, s’ajouter aux 42 déjà en déficit : Lange – Oignin (Haut-Bugey), Avant-pays savoyard, Fier et Lac d’Annecy, Guiers Aiguebelette, Combe de Savoie, Isle Crémieu (Isère), Rivières du Beaujolais.
Incontestablement, le changement climatique va accroître les tensions sur l’eau. A l’horizon 2050-2070, le débit moyen des principales rivières de France devrait diminuer d’au moins 10 à 40 %. Et le débit moyen du fleuve Rhône risque de subir une baisse de 40% d’ici à la fin du siècle.
Gérer collectivement une ressource en eau de moins en moins disponible
Après plusieurs années marquées par de graves sécheresses, les situations de crise se multiplient. Pour prévenir les conflits d’usage et éviter de dégrader l’état des rivières et des nappes, le principe qui prévaut aujourd’hui est de gérer collectivement la ressource en eau. La stratégie et les mesures à prendre sont connues et déjà engagées dans des plans de gestion de la ressource en eau (PGRE), qui deviennent progressivement des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) en application des décisions nationales prises dans le cadre des Assises de l’eau. Construits en concertation entre l’ensemble des usagers du territoire, ces projets de territoire visent à garantir un partage équilibré entre les besoins des différents usages (eau potable, irrigation, industrie…) tout en laissant un volume d’eau suffisant dans les rivières et les nappes pour leur bon fonctionnement et leur bon équilibre. Des règles de partage de l’eau sont définies, avec une répartition par usage et type d’usagers, et un programme d’actions mis en place.
En Rhône-Alpes, 20 PGRE sont adoptés, 6 sont en cours d’élaboration (Séran, Cance, Gier, Galaure, Drôme des collines et Payre Lavezon) et 3 non encore engagés (Méouge Berre, Sud-Ouest Lémanique).
En 6 ans, 5 millions de m3 ont été économisés en Rhône-Alpes et 15 millions de m3 ont été substitués grâce à des prélèvements dans des nappes ou des rivières plus abondantes.
La dynamique est donc lancée mais il reste essentiel de pouvoir rendre compte de la mise en œuvre effective des plans d’actions définis, de constater leur efficacité, et de développer une vision prospective de l’évolution de la ressource et des besoins dans le contexte du changement climatique.
En Savoie, le lac du Bourget sur tous les fronts
Les Alpes du Nord voient une augmentation de leurs températures moyennes de 1,5°C depuis la fin des années 80. Dans le cadre de son PGRE validé en 2016, le Comité intersyndical pour l’assainissement du lac du Bourget (Cisalb) a engagé d’importants travaux sur les équipements de pompage, les réseaux et les réservoirs, avec une logique de prélèvement préférentiel dans le lac et la nappe de Chambéry afin de soulager les rivières, qui se tarissent avec des débits estivaux en baisse de 30 %. Ainsi, 500 000 m3 ont déjà été économisés grâce à la réparation des fuites sur les réseaux. L’un des enjeux étant de sécuriser la distribution de l’eau potable, des travaux évalués à 11 millions d’euros permettront aux 13 sources du bassin versant classées en déficit quantitatif de bénéficier de débit de restitution allant de 3 litres par seconde à 28 litres par seconde. Mais pour que cela fonctionne, il est essentiel que l’eau rendue aux cours d’eau ne soit pas prélevée par d’autres usagers à l’aval. Aussi, le Cisalb travaille en parallèle avec les agriculteurs (pour lesquels des retenues de stockage ont été réalisées), les riverains, les industriels… Un projet Eau-Climat est en cours avec les communes qui peuvent agir sur les fuites, la récupération de l’eau pluviale, la désimperméabilisation des sols et l’adaptation des espaces verts aux nouvelles températures. En 2022, au terme du PGRE, un bilan permettra de valider les nouveaux enjeux et de se préoccuper des zones moins sensibles aujourd’hui, mais qui risquent de basculer vers un état de déficit quantitatif.
En Ardèche, le changement climatique en concertation
L’EPTB du bassin versant de l’Ardèche et la Commission locale de l’eau ont lancé un diagnostic des impacts du changement climatique sur les ressources en eau et les usages à horizon 2050. Enjeux : alimenter le travail de révision du Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau, adopté en 2012, puis construire les prochains programmes d’action dans une optique d’anticipation. Des efforts importants ont été faits ces dernières années pour réduire les fuites des réseaux et substituer les prélèvements dans les bassins déficitaires. Mais les comportements évoluent encore trop peu en termes de consommation d’eau potable ou d’irrigation. Et les prélèvements agricoles augmentent même, par exemple pour sauver les vignes lors d’épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents. L’EPTB disposera d’une stratégie d’adaptation pour la fin de l’année et un programme d’action pour mi-2022. Dans l’intervalle, huit ateliers de concertations sont programmés, cette démarche participative étant essentielle pour une meilleure appropriation des résultats et de la stratégie par les acteurs du territoire.
L’agence de l’eau, en 1ère ligne pour accompagner les territoires face aux tensions sur la ressource et au changement climatique
Au cours des 10 dernières années, les économies d’eau dans le bassin Rhône-Méditerranée ont permis d’économiser 347 Mm3/an, (ce qui, pour illustration, correspond à un peu moins de la moitié des prélèvements annuels pour l’eau potable de Rhône-Alpes), en particulier grâce à des travaux sur les réseaux d’eau potable et sur les canaux d’irrigation agricole.
Les équipements de substitution des prélèvements (retenues de stockage ou équipements de transfert d’eau) ont également fortement progressé. Depuis 2015, l’agence de l’eau a financé 55 ouvrages de substitution en lien avec les PGRE, dont 34 pour des usages agricoles. Ils ont permis de substituer 52 Mm3 d’eau pour 192 M€ de travaux.
« L’enjeu est maintenant de desserrer collectivement les tensions et d’identifier les marges de manœuvre pour un partage équilibré de la ressource, dans le respect du bon fonctionnement des milieux aquatiques, indique Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Les projets de territoire et les plans de gestion de la ressource sont une première étape incontournable et structurante même si leur mise en œuvre peut être complexe. J’invite tous les acteurs des territoires à garder le cap des ambitions et des actions définies dans ces plans de gestion ».
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